Dans toutes mes peintures, je recopie la même suite de lettres. Je la connais presque par cœur.
Mais ces lettres ne forment pas de mots.
Elles ne sont pas là par hasard.
Comme une une formule magique.
Il s’agit d’un cryptogramme figurant au début du roman de Jules Verne intitulé La Jangada.
Nul besoin pour moi de le déchiffrer.
Mon objectif n’est pas d’illustrer ce texte.
Je peins l’écriture sous une forme visible, plus que lisible.
D’où mon intérêt pour ce document : paru en 1881, il ressemble néanmoins, en exagérant à peine, à la manière dont écrivent beaucoup d’entre nous aujourd’hui, en 2016
D’une certaine manière, on pourrait penser que l’écriture, je ne la respecte pas.
Car, dans mes peintures, je le malmène ce cryptogramme, comme si je tapotais au clavier un message court ou un courriel. Mais cela ressemble toujours à de l’écriture.
Nous communiquons beaucoup par écran interposé. Nous voyons alors apparaître des images, des mots. Mais à distance.
En étant fidèle à ce cryptogramme, j’ai voulu précisément mettre de la distance entre mon art et moi, au sens où je rêve d’être un passeur de création.
Je suis aussi sérigraphe.
La sérigraphie est une technique d’impression à travers un tissu tendu et fixé sur un cadre . On bouche les parties du tissu, qui ne doivent pas laisser passer d’encre. Cela s’apparente à un pochoir.
Cette technique me permet de progresser dans ma démarche artistique, en consolidant mon lien avec la nature.
Ainsi, dans la forêt voisine, je revisite la technique du frottage. Ce procédé de dessin consiste à crayonner un papier fin plaqué sur une surface comportant des reliefs. Mais, au lieu du papier, j’utilise directement mes écrans de sérigraphie, obturant les mailles en contact avec les reliefs.
Questionnant l’écorce des arbres, la surface des végétaux, auxquels j’accorde un rôle de collaboration artistique, j’obtiens des pochoirs que j’imprime ensuite dans mon atelier. De merveilleux messages apparaissant sur de beaux papiers, j’ai le sentiment de libérer l’écriture secrète de la forêt.
Image à la une: « La jangada », sérigraphie, 70 x 100 cm, Gérard Adde
Photographies de Jean-Claude André
Pour découvrir un peu plus du travail et de l’univers de Gérard Adde
Merci beaucoup à Gérard Adde pour ce beau texte, que j’ai souhaité laisser sans introduction, pour que vous puissiez y plonger directement.

ah c’est super intéressant, merci, je ne connaissais pas du tout cet artiste! qui use des mots comme d’un support!! c’est génial!!!
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J’espère que tu feras un tour par chez lui pour mieux le découvrir 🙂 !
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Merci pour cette découverte artistique.
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